MEDAMP : Introduction
Ce site a été créé en 2017. Sa réalisation avait été cofinancée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le laboratoire CNRS ECOSEAS de l’Université Côte d’Azur suit l’évolution de la protection des espaces marins de l’ensemble des côtes françaises de la Méditerranée depuis 1983 (noms précédents du même laboratoire : Environnement marin littoral et ECOMERS). Voir dans la bibliographie du site les publications du laboratoire sur ce sujet (Meinesz et al., Francour et al., Guidetti et al. …).
MEDAMP : Pourquoi ?
INVENTORIER LES AIRES MARINES PROTEGEES OU RESERVES DE PECHE
La base de données MEDAMP est un observatoire de la protection de la biodiversité littorale des côtes françaises de la Méditerranée. Depuis 1963, des aires marines protégées gérées par l’État, les collectivités territoriales, les prud’homies de pêcheurs et les autres utilisateurs de la mer ont été créées avec 7 statuts juridiques différents.
- les réserves naturelles
- les parcs nationaux
- les parcs naturels marins
- les sites Natura 2000
- Les zones concernées par un arrêté de biotope
- les cantonnements de pêche
- les concessions
Au titre du code de l'environnement (article L334-1), les 5 premières ont l’appellation d’« aire marine protégée ». Les cantonnements et les concessions sont quant à eux considérés comme des réserves de pêche. L’« Office français pour la biodiversité » distingue en plus (http://www.aires-marines.fr/Les-aires-marines-protegees/Categories-d-aires-marines-protegees) : les parcs naturels régionaux, les parties du Domaine public maritime confiées au Conservatoire du littoral, les zones de conservation halieutiques et les réserves nationales de chasse et de faune sauvage ayant une partie maritime. Voir aussi https://www.afbiodiversite.fr/strategie-nationale-des-aires-marines-protegees pour une définition légèrement différente.
Cependant peu d’entre elles peuvent être considérées comme étant représentatives d’un espace ou d’un milieu marin réellement protégé. Parmi les dernières aires marines créées beaucoup sont des aires cogérées plutôt que « protégées ». En réalité, on constate une grande confusion sur les objectifs, les appellations, les statuts, les réglementations en vigueur, les niveaux de surveillance et de prévention ; toutes ces caractéristiques diffèrent d’un site à l’autre et sont, pour certaines zones, souvent modifiées dans le temps. Cet inventaire porte sur 77 zones protégées, comprenant 55 « aires marines protégées » ainsi dénommées par la loi ainsi que 22 réserves de pêche. Voir la carte de l’ensemble des aires marines protégées et des réserves de pêche.
IDENTIFIER ET DEFINIR DES NIVEAUX DE PROTECTION
Contrairement aux milieux terrestres il n’y a pas d’endémisme localisé en Méditerranée : il n’y a pas d’espèces que l’on ne trouve que dans une baie ou autour d’une île. Il n’y a ainsi pas d’espèces en grand danger d’extinction devant les côtes françaises de la Méditerranée nécessitant une protection très forte de son biotope. En revanche, les équilibres sous-marins sont localement bouleversés par les activités humaines. De ce fait, la biodiversité locale peut être réduite et le rendement utile pour l’homme diminué (pêche, moins de richesses biologiques dans les paysages sous-marins pour les plongeurs). La base de données MEDAMP permet d’archiver des données quantitatives et qualitatives sur le niveau de protection du milieu marin littoral. Les niveaux retenus dépendent :
- des statuts juridiques des aires marines protégées,
- des niveaux de protection juridique,
- des niveaux de surveillance.
EVALUER LA PROTECTION DES ZONES LES PLUS CONVOITEES ET LES PLUS MENACEES
Les petits fonds littoraux sont les plus riches en biodiversité et ils jouent un rôle primordial pour le recrutement et la survie des larves et juvéniles d’un grand nombre d’espèces halieutiques. C’est le domaine des algues (plus de 500 espèces différentes de macro-algues inventoriées) et des plantes à fleurs : 4 espèces dont les posidonies (Posidonia oceanica), la cymodocée (Cymodocea nodosa) et deux espèces de zostères (Zostera noltei, Zostera marina). Ces petits fonds, les plus riches en biodiversité, sont aussi les plus soumis aux atteintes anthropiques (surtout par les aménagements construits sur la mer et par la surpêche. Ces zones à la fois les plus riches et les plus vulnérables devraient être protégées en priorité. La difficulté réside dans le fait que de nombreux groupes d’utilisateurs de la mer (prud’homies de pêcheurs, associations de pêcheurs plaisanciers ou de chasseurs sous-marins…) restent peu convaincus et considèrent ces espaces comme leur aire d’activité indispensable (pêcheurs professionnels) ou comme des aires de loisir de proximité. De ce fait, la plupart des aires marines créées ces dix dernières années englobent essentiellement de vastes zones profondes, loin des petits fonds soumis à la plus forte pression de pêche et de mouillage nécessitant une protection urgente. C’est le cas de la plupart des sites Natura 2000 (et surtout des 6 dernières créations de sites Natura 2000 en mer tous situés au grand large au-delà des eaux territoriales, dans la Zone économique exclusive), des deux parcs naturels marins, des zones adjacentes ou périphériques des parcs nationaux et de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. C’est aussi le cas de la plus grande zone très protégée (de non-prélèvement) du parc national des calanques de Marseille. La zone protégée excluant toute forme de pêche est située sur le canyon de la Cassidaigne avec des fonds > à -100 m, zone polluée par les rejets d’une usine d’alumine ; elle a une surface supérieure à celle des 6 autres zones de non-prélèvement situées contre le littoral (ou une île) de l’ensemble du parc national.
Les petits fonds : indispensables pour les équilibres biologiques. Taux de mortalité dans le cycle de développement naturel des poissons littoraux à partir des œufs © Cyril FÉDÉRICO/Écocean.
La base de données MEDAMP permet de déduire le niveau de protection (hiérarchie de la réglementation de la pêche en place) de chaque espace protégé. Elle donne le taux de chaque niveau de protection d’une zone géographique (département, région) ou zone administrative (eaux territoriales, eaux de la Zone économique exclusive, zones de la Directive Cadre Eau - DCE- ou Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux - SDAGE) et de chaque tranche bathymétrique des fonds littoraux. L’analyse des données stockées dans MEDAMP met ainsi en évidence la répartition de l’effort de protection par rapport aux menaces les plus évidentes à la biodiversité.
MEDAMP PRESENTE L’EVOLUTION DE LA PROTECTION ET PERMET DE POSITIONNER LA SITUATION DES COTES FRANÇAISES DE LA MEDITERRANEE PAR RAPPORT AUX ENGAGEMENTS INTERNATIONNAUX DE PROTECTION DE LA BIODIVERSITE MARINE
Depuis la création de la première aire marine protégée en 1965, les réserves sous-marines et aires marines protégées ont été établies progressivement. Depuis, certaines ont été abrogées, d’autres ont été modifiées (changement d’aire ou changement de niveau de protection dans des sous zones). Dans la base de données MEDAMP toutes les données historiques de la protection ont été intégrées (inventaire dans le temps des zones abrogées ou étendues, ou des sous-zones ayant changé de niveau de protection) (voir le volet « Inventaire » puis dans « Rechercher une zone protégée » : « voir les zones abrogées ou modifiées »).
MEDAMP permet d’évaluer le réel positionnement de la France par rapport aux engagements internationaux de protection de la biodiversité marine.
La base de données
Le site est conçu spécifiquement pour permettre un accès aisé et libre à la base de données MEDAMP. Certaines données ont été regroupées selon différents critères. Les données chiffrées sont extraites d’un système d’information géographique - SIG - (logiciel utilisé : ArcGIS 10.2.2 société ESRI) sur une base cartographique réalisée pour le site www.medam.org (ce site concerne l’impact des aménagements construits sur la mer sur l’ensemble des côtes françaises de la Méditerranée).
Les indications géographiques des contours des aires marines protégées ont été relevées directement sur les textes de lois (arrêtés ou décrets). Tous ces textes de lois sont cités en référence dans les fiches de détail de chaque aire protégée (voir le volet « Inventaire » puis dans « Rechercher une zone protégée » différents filtres d’accès aux données de chaque zone protégée). Dans ces fiches les coordonnées géographiques des réserves de pêche ou des aires marines protégées, indiquées dans les arrêtés ou décrets, ont été mentionnées.
Toutes les données sont regroupées dans 5 volets distincts :
- Inventaire,
- Données chiffrées,
- Cartographie,
- Evolution,
- Protection/pression.
Ces données sont complémentaires à celles existantes.
Actuellement les cartes officielles des différentes aires marines protégées sont présentées au public avec des chartes graphiques spécifiques et indépendantes. Afin de faciliter la lecture de ces cartes, une charte graphique harmonisée a été élaborée dans les 20 éditions (1991-2020) du livret de sensibilisation pour la protection de la biodiversité « Méditerranée mer vivante » (315 000 livres distribués gratuitement devant toutes les côtes françaises de la Méditerranée : www.mervivante.net). C’est cette charte graphique que nous avons adoptée pour illustrer les différents niveaux de protection des 75 aires marines protégées ou réserves de pêche (comprenant 139 zones non contigües de niveaux de protection distincts).
De nombreuses aires marines protégées de statuts différents sont superposées. Pour les bilans chiffrés additionnant des surfaces de zones de statuts différents, nous avons pris en compte d’abord les données (surface, linéaire) des zones les mieux protégées qui sont déduites des zones les moins protégées.
Mise à jour
La base de données MEDAMP est créée de manière à être facilement mise à jour. Les caractéristiques de toute nouvelle aire marine protégée ou la modification du niveau de protection d’une sous zone peuvent être aisément inclues dans la base avec une mise à jour automatique de l’ensemble des données. Un encart « mises à jour » permet de constater pour chaque millésime futur les données modifiées (liste annuelle des nouvelles aires marines protégées ou modifications de niveau de protection).