La surpêche
Le prélèvement d’espèces induit par la surpêche représente la seconde pression anthropique sur la biodiversité littorale. Elle inclut la pêche professionnelle et de loisir (pêche à la ligne - à pied ou en bateau - et chasse sous-marine). Ce sont aussi les petits fonds qui sont le plus exposés à cette prédation humaine. La pêche traditionnelle y est très active et certaines pratiques de pêche de loisir ne s’exercent que dans cette tranche bathymétrique (chasse sous-marine et pêche à pied).
La création d’espaces marins protégés où la prédation humaine est interdite ou limitée est la seule solution qui permet de préserver les équilibres biologiques : c’est « l’effet réserve », qui garantit le maintien de la biodiversité.
Car un constat s’impose : depuis une cinquantaine d’années, tout autour de la Méditerranée, les espèces pêchées sont moins abondantes, le nombre de pêcheurs professionnels a diminué de 60 % et beaucoup de pêcheurs sont subventionnés. Devant les côtes françaises de la Méditerranée cela concerne essentiellement les activités traditionnelles littorales (surtout les régions de Provence–Alpes-Côte d’Azur, Corse et l’extrémité ouest des Pyrénées orientales).
Pour comprendre cette raréfaction des espèces halieutiques littorales, il faut évoquer un passé récent. Il y a un siècle en Méditerranée, lorsque la majeure partie des barques de pêche traditionnelles était encore propulsée par rame ou par voile, le rayon d’action des pêcheurs était limité. Sans prévisions météorologiques fiables, ils évitaient de poser les filets loin de leurs bases. De ce fait, de nombreux sites éloignés des ports et exposés (les caps plus particulièrement) étaient évités : ces zones étaient peu ou jamais pêchées : c’était de fait des réserves de pêche où les équilibres biologiques étaient préservés.
Les filets étaient en coton, nécessitant beaucoup d’entretien, mais ils se désagrégeaient dans le temps lorsqu’ils étaient perdus. La longueur de ces filets mis à l’eau était faible et la profondeur d’immersion peu importante car ils étaient levés à la force des bras. Ce prélèvement laborieux et aléatoire des espèces de poissons, de mollusques (calmars, poulpes, seiches) et de crustacés sauvages de notre littoral ne mettait pas en cause le maintien d’un équilibre naturel.
Barque traditionnelle de pêcheurs en Corse vers 1900 : faible rayon d’action et profondeur de pose des filets limitée (les marins doivent les remonter à la force des bras).
Aujourd’hui un seul marin-pêcheur avec une embarcation motorisée et un treuil peut poser plusieurs kilomètres de filets jusqu’à 200 mètres de profondeur devant l’ensemble du littoral.
L’apparition des moteurs, des treuils de levage des filets et des filets de nylon a tout changé. Depuis, aucun point de la côte n’est à l’abri de la pêche professionnelle. Il est même devenu possible pour un seul pêcheur d’immerger des longueurs importantes de filets (souvent plus de deux kilomètres) sur des fonds atteignant deux cents mètres. Les filets en nylon continuent longtemps de piéger poissons et crustacés lorsqu’ils sont perdus.
De plus, depuis une cinquantaine d’années, d’autres formes de pêche se sont considérablement développées : la chasse sous-marine et la pêche plaisancière. Elles ont également contribué à réduire les stocks (plusieurs études démontrent que le poids des prises de la pêche de loisir équivaut à celui de la pêche professionnelle traditionnelle).
La surpêche introduit des modifications sensibles sur l’ensemble des écosystèmes concernés. Les chaines alimentaires se modifient selon le degré de prédation par l’homme : réduction des grands prédateurs et développement anarchique des espèces qui ne sont plus consommées par les espèces trop prélevées. Toute la biodiversité de chaque site surpêché est modifiée. Il convient ainsi de rétablir les équilibres dans les écosystèmes littoraux en protégeant au mieux les espèces trop prélevées surtout dans les biotopes les plus exposés à la pêche (entre 0 et -20m).
MEDAMP permet d’évaluer les efforts de protection par tranche bathymétrique.