Evolution de la protection
Les données historiques de l’évolution de la protection de la biodiversité par les aires marines protégées concernent les caractéristiques de la dynamique de cette protection dans le temps.
Pour cela nous avons intégré dans la base de données les caractéristiques des :
- aires marines protégées aujourd’hui abrogées,
- des évolutions de la surface des aires marines protégées actuelles,
- des sous zones d’aires marines protégées ayant changé de niveau de protection.
Ces zones sont décrites avec toutes les caractéristiques indiquées pour les aires marines protégées existant actuellement.
Cet inventaire des modifications temporelles permet d’établir des graphiques montrant l’évolution de la protection dans le temps (se référant aux surfaces, domaines géographiques, bathymétriques et niveaux de protection).
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L’effet réserve
Le renouvellement d’un stock trop pêché se fait mal. Outre la raréfaction des poissons, il y a une cause biologique : la plupart des poissons de notre littoral changent de sexe durant leur vie. Mâles au début, certains poissons deviennent femelles plus tard (sars, loups, mulets, dorades), pour d’autres espèces, c’est l’inverse (labres, crénilabres, girelles, serrans, mérous...). Dans une zone trop pêchée, les poissons se font prendre avant d’atteindre une grande taille ce qui entraine un grand déséquilibre sexuel et donc une mauvaise reproduction.
Dans une aire marine bien protégée, à condition que la surveillance de la zone règlementée soit efficace (c’est le principal critère de bonne gestion d’une réserve), il ne faut que cinq années pour que la densité des poissons augmente très sensiblement et pour qu’une proportion normale d’individus atteigne le stade d’inversion des sexes. Ils se reproduisent et les œufs, larves et juvéniles sont disséminés. Les poissons adultes en surnombre dans la réserve se répartissent à l’extérieur. Cet ensemble de conséquences très favorables pour la préservation et le renouvellement des stocks s’appelle « l’effet réserve ».
Deux autres stades démontrant le rétablissement des équilibres naturels sont observés à plus long terme : la réduction de l’effet de fuite à la vision d’un plongeur (cela indique la perte du réflexe de fuite face à un prédateur potentiel : le chasseur sous-marin) et la remontée vers la surface des très gros individus de poisson et des grands crustacés (langoustes notamment).
Illustration de l’effet réserve (document du Parc national des Calanques : réalisation Francis Talin) |
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Le mouillage : faire respecter partout l’interdiction de détruire l’herbier de posidonies
La présence de très nombreux ports de plaisance (www.medam.org) dont la construction continue dans les pays limitrophes, l’attractivité touristique de certaines zones et de nouvelles pratiques des capitaines de grosses unités (par économie, en l’absence de leurs propriétaires, ils ancrent leurs navire sur des petits fonds abrités) entrainent une dégradation croissante du principal habitat côtier très fragile : l’herbier de posidonie.
De multiples interdictions pérennes de mouillage existent :
- dans toutes les réserves marines (cantonnements et concessions à l’exception de celle du parc marin de la côte bleue),
- dans un certain nombre de zones de Niveau de protection I à VI (incluses dans des parcs nationaux, des réserves naturelles et des zones d’arrêtés de biotopes)
- dans certains périmètres sous la tutelle de la marine nationale,
- dans les zones proches des entrées de ports, devant l'aéroport de Nice,
- le long de câbles immergés et autour des fermes aquacoles.
D’autres interdictions de mouillage sont temporelles et couvrent surtout la zone des 300 mètres réservées à la baignade et les chenaux de circulation de navires.
Néanmoins les mouillages de grosses unités sont de plus en plus fréquemment observés sur des herbiers de posidonies dans des zones protégées comme les sites Natura 2000 et en dehors. Les dégâts causés dans les herbiers par une seule unité de plus de 50 m sont considérables par l’ampleur (création de véritables chenaux d’herbier détruits) mais surtout par la très lente réversibilité des dégâts occasionnés (il faut plus d’un siècle pour que les deux bords du chenal creusé par une ancre soient de nouveau couverts par l’herbier).
Pour limiter la destruction de l’habitat « herbier de Posidonie » partout où il existe, ce n’est pas la protection d’espaces supplémentaires qu’il conviendrait de mettre en place. Cette mesure tend à créer une distinction entre les herbiers selon leur situation. Il faut avant tout se rendre compte de l’évolution considérable des pratiques de la plaisance et pallier le manque de moyens de surveillance adaptée (relevant de la police maritime) pour faire respecter la loi qui protège partout de façon uniforme cet habitat prioritaire.
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La surpêche
Un constat s’impose : depuis une cinquantaine d’années, tout autour de la Méditerranée, les espèces pêchées sont moins abondantes, le nombre de pêcheurs professionnels a diminué de 60% et beaucoup de pêcheurs sont subventionnés. Devant les côtes françaises de la Méditerranée cela concerne essentiellement les activités traditionnelles littorales (surtout les régions de Provence–Alpes-Côte d’Azur, Corse et l’extrémité ouest des Pyrénées orientales).
Pour comprendre cette raréfaction des espèces halieutiques littorales, il faut évoquer un passé récent. Il y a un siècle en Méditerranée, lorsque la majeure partie des barques de pêche traditionnelles était encore propulsée par rame ou par voile, le rayon d’action des pêcheurs était limité. Sans prévisions météorologiques fiables, ils évitaient de poser les filets loin de leurs bases. De ce fait, de nombreux sites éloignés des ports et exposés (les caps plus particulièrement) étaient évités : ces zones étaient peu ou jamais pêchées : c’était de fait des réserves de pêche où les équilibres biologiques étaient préservés.
Les filets étaient en coton, nécessitant beaucoup d’entretien, mais ils se désagrégeaient dans le temps lorsqu’ils étaient perdus. La longueur de ces filets mis à l’eau était faible et la profondeur d’immersion peu importante car ils étaient levés à la force des bras. Ce prélèvement laborieux et aléatoire des espèces de poissons, de mollusques (calmars, poulpes, seiches) et de crustacés sauvages de notre littoral ne mettait pas en cause le maintien d’un équilibre naturel.
Les éditions du Mouflon / Coll. particulière |
Photo B. Casalta |
Barque traditionnelle de pêcheurs en Corse vers 1900 : faible rayon d’action et profondeur de pose des filets limitée (les marins doivent les remonter à la force des bras). |
Aujourd’hui un seul marin-pêcheur avec une embarcation motorisée et un treuil peut poser plusieurs kilomètres de filets jusqu’à 200 mètres de profondeur devant l’ensemble du littoral. |
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Les aménagements construits sur la mer
Les données fournies par le site MEDAM (wwww.medam.org) sur l’impact des aménagements gagnés sur la mer devant l’ensemble du littoral des côtes françaises de la Méditerranée sont éloquentes.
Le grignotage des petits fonds par les aménagements gagnés sur la mer est de très loin la principale altération des biocénoses et biodiversité de ces côtes car 5122 hectares ont été définitivement recouverts ou endigués par 1002 ouvrages (>à 100 m²) et 228 km de côtes sont à ce jour artificiels (plus de 11 % du littoral).
Ces constructions gagnées sur la mer concernent plus particulièrement les petits fonds entre 0 et -10 m (4174 hectares, représentant plus de 5% de la totalité des petits fonds entre 0 et -10m des côtes françaises de la Méditerranée, ont été détruits irréversiblement par recouvrement ou par endigage).
Cette atteinte au milieu et espèces littorales s'estime en surface et taux concernés. Nous pouvons ainsi aisément comparer cette pression anthropique sur la vie marine littorale à l'effort de préservation des mêmes habitats en tenant compte que les périmètres les mieux protégées (de niveau I à VIII) sont dans des configurations qui les préservent de toute atteinte de destruction par des aménagements du littoral.
Page d’accueil du site http://www.medam.org |