Les niveaux de surveillance
Dans une aire marine protégée telle que nous l’avons définie, des réglementations juridiques spécifiques permettent de préserver les espèces halieutiques ou l’ensemble de la biodiversité. Le respect des règlementations juridiques applicables dans ces zones marines est à la charge de tous les corps d’État opérant sur le domaine public maritime.
Les missions multiples de surveillance des biens et des personnes évoluant en mer sont prioritaires pour les douanes, la marine nationale et les directions des territoires et de la mer -DDTM – dans lesquelles ont été intégrées les ex affaires maritimes. Les gendarmeries ou les unités de police nationale équipées pour intervenir en mer sont peu nombreuses pour assurer une surveillance spécifique et adaptée aux aires marines protégées officielles et aux cantonnements et concessions (non considérées par la loi comme étant des aires marines protégées).
Parmi les aires marines protégées non reconnues ainsi par la loi (les cantonnements et les concessions) certaines sont balisées et bien indiquées dans les capitaineries voisines où à terre par des panneaux de signalisation. D’autres (celles de Corse) ne bénéficient d’aucune signalétique et sont de ce fait plus difficiles à surveiller et à respecter par les utilisateurs de la mer.
Pour certaines aires marines protégées (parcs nationaux, réserves naturelles, les cantonnements et la concession de la côte Bleue) des agents commissionnés (gardes maritimes assermentés) parcourent et surveillent leur zone protégée pour informer, prévenir et faire respecter la réglementation spécifique en vigueur. Ces aires marines protégées bénéficient ainsi d’un niveau de surveillance supérieur fondamental pour parvenir à « l’effet réserve ».
Le nombre des agents dédiés à la surveillance d’une aire marine protégée et les moyens à la mer (bateaux…) doivent être en rapport avec la surface à surveiller, les particularités d’exposition au braconnage et la rapidité d’accès maritime aux limites géographiques de l’aire marine protégée.
Dans MEDAMP, la notion de niveau de surveillance a été établie dans notre présentation du niveau de protection des aires marines protégées. Nous distinguons ainsi deux niveaux de surveillance :
- les aires marines protégées bénéficiant d’une surveillance spécifique pérenne par des agents commissionnés et de la surveillance aléatoire de tous les corps d’Etat opérant sur le domaine public maritime,
- les aires marines protégées ne bénéficiant que d’une surveillance aléatoire de tous les corps d’État opérant sur le domaine public maritime.
La mise en place de vidéo surveillance est vivement recommandée par les conseillers scientifiques des zones protégées. Elle n’a pas encore été mise en place dans les zones protégées des côtes françaises de la Méditerranée (elle existe dans deux réserves marines italiennes).
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Les zones tampons
Les zones tampons sont situées autour d’aires de protection intégrale (zones de non-prélèvements) dans lesquelles des mesures de protection moins contraignantes permettent aux pêcheurs professionnels d’exploiter en priorité les retombées de l’effet réserve autour de la zone de non-prélèvement.
C’est ce concept qui est en place en Italie avec plus de 29 aires marines protégées de ce type (voir https://www.minambiente.it/pagina/aree-marine-istituite)
Les protections règlementaires doivent être idéalement assorties d’une surveillance spécifique (agents dédiés à la surveillance de l’aire marine protégée) dont le nombre et les moyens de surveillance doivent être en rapport avec la surface à surveiller et les particularités d’exposition au braconnage.
D’autres activités humaines (plongée, mouillage, plaisance...) peuvent aussi faire l'objet de règlementations dans ces zones.
Exemple d’une zone tampon dans la réserve naturelle de Scandola (Corse) : une zone de non-prélèvement (en rouge) est entourée (en bleu) d’une zone « tampon » où la pêche professionnelle traditionnelle est autorisée mais la pêche de loisir interdite. L’effort consenti par les pêcheurs professionnels de concéder un espace de leur eaux prud’homales en réserve intégrale est compensé par la zone tampon où ils sont ainsi prioritaires pour profiter de l’effet réserve de proximité (essaimage des gros individus en dehors de la réserve intégrale).
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L’effet réserve
Le renouvellement d’un stock trop pêché se fait mal. Outre la raréfaction des poissons, il y a une cause biologique : la plupart des poissons de notre littoral changent de sexe durant leur vie. Mâles au début, certains poissons deviennent femelles plus tard (sars, loups, mulets, dorades), pour d’autres espèces, c’est l’inverse (labres, crénilabres, girelles, serrans, mérous...). Dans une zone trop pêchée, les poissons sont prélevés avant d’atteindre une grande taille ce qui entraîne un grand déséquilibre sexuel et donc une mauvaise reproduction.
Dans une aire marine bien protégée, à condition que la surveillance de la zone réglementée soit efficace (c’est le principal critère de bonne gestion d’une réserve), il ne faut que cinq années pour que la densité des poissons augmente très sensiblement et pour qu’une proportion normale d’individus atteigne le stade d’inversion des sexes. Ils se reproduisent et les œufs, larves et juvéniles sont disséminés. Les poissons adultes en surnombre dans la réserve se répartissent à l’extérieur. Cet ensemble de conséquences très favorables pour la préservation et le renouvellement des stocks s’appelle « l’effet réserve ».
Certaines observations démontrent le rétablissement des équilibres naturels à plus long terme : la réduction de l’effet de fuite à la vision d’un plongeur (cela indique la perte du réflexe de fuite face à un prédateur potentiel : le chasseur sous-marin) et la remontée vers la surface des très gros individus de poissons et des grands crustacés (langoustes notamment).
Enfin, la nature initiale de chaque site tend à se rétablir (équilibres naturels, chaînes alimentaires, composition des écosystèmes et biodiversité spécifique aux conditions du milieu).
L’effet réserve (documentation du Parc national des Calanques de Marseille).
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MEDAMP : Pourquoi ? (copie 27/07/2020)
Présente l’inventaire : 65 aires marines protégées ou réserves de pêche
Depuis 1965, des aires marines protégées gérées par l’Etat, les collectivités territoriales, les prud’homies de pêcheurs et les autres utilisateurs de la mer ont été créées avec 7 statuts différents. Certaines ont été classées par une loi dans l’appellation « aire marine protégée », d’autres non. Cependant peu d’entre elles peuvent être considérées comme étant représentatives d’un espace ou d’un milieu marin protégé. Les dernières créations sont des aires cogérées plutôt que « protégées ». De ce fait, il y a une grande confusion sur les objectifs, les appellations, les statuts, les réglementations en vigueur, les niveaux de surveillance et de prévention ; toutes ces caractéristiques diffèrent d’un site à l’autre et sont, pour certaines zones, modifiées souvent dans le temps. La base de données MEDAMP est un observatoire de la protection de la biodiversité littorale des côtes françaises de la Méditerranée. Avec l’inventaire exhaustif des zones protégées, elle donne toutes les caractéristiques des 45 « aires marines protégées » ainsi dénomées par la loi mais aussi celles des 20 réserves de pêche (cantonnements et concessions).
Identifie des niveaux de protection
Contrairement aux milieux terrestres il n’y a pas d’endémisme localisé en Méditerranée : il n’y a pas d’espèces que l’on ne trouve que dans une baie ou autour d’une île. Il n’y a ainsi pas d’espèces en grand danger d’extinction devant les côtes françaises de la Méditerranée nécessitant une protection très forte de son biotope. Par contre les équilibres sous-marins sont localement bouleversés par les activités humaines. De ce fait, la biodiversité locale peut être réduite et le rendement utile pour l’homme diminué (pêche, vision sous-marine pour le tourisme, plongée). La base de données MEDAMP permet d’archiver des données quantitatives et qualitatives sur le niveau de protection du milieu marin littoral. Les niveaux retenus dépendent :
- des statuts juridiques des aires marines protégées,
- des niveaux de protection juridique,
- des niveaux de surveillance,
Evalue la protection des zones les plus convoitées et les plus menacées
Les zones les plus vulnérables les plus convoitées et menacées par les activités humaines sont les petits fonds littoraux (essentiellement entre 0 et -20m).
De très loin la principale atteinte à la biodiversité littorale des côtes françaises de la Méditerranée est représentée par les aménagements construits sur la mer. Ce sont uniquement les petits fonds (0 à -20m) qui sont menacés par cette atteinte physique à la biodiversité. La protection d’espaces littoraux allant jusqu’au rivage, permet de préserver définitivement les écosystèmes des très petits fonds.
Le prélèvement d’espèces induit par la surpêche représente la seconde pression anthropique sur la biodiversité littorale. Elle inclut la pêche professionnelle et de loisir (pêche à la ligne - à pied ou en bateau - et chasse sous-marine). Ce sont aussi les petits fonds qui sont le plus exposés à cette prédation humaine. La pêche traditionnelle y est très active et certaines pratiques de pêche de loisir ne s’exercent que dans cette tranche bathymétrique (chasse sous-marine et pêche à pied).
La création d’espaces marins protégés où la prédation humaine est interdite ou limitée est la seule solution qui permet de préserver les équilibres biologiques : c’est « l’effet réserve », il garantit le maintien de la biodiversité.
Ainsi, il est nécessaire d’évaluer les efforts de protection par tranche bathymétrique.
La base de données MEDAMP permet de déduire le niveau de protection (hiérarchie de la réglementation de la pêche en place) de chaque espace protégé. Elle donne le taux de chaque niveau de protection d’une zone géographique (département, région ou zone administrative (Directive Cadre Eau - DCE- ou Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux - SDAGE) et de chaque tranche bathymétrique des fonds littoraux. L’analyse des données stockées dans MEDAMP met ainsi en évidence la répartition de l’effort de protection par rapport aux menaces les plus évidentes à la biodiversité.
Les dégâts physiques causés par les mouillages répétés des grosses unités surtout sur les herbiers de posidonies relèvent plus d‘une nécessité d’application de la loi de façon uniforme (partout où l’herbier de posidonie est présent) que de la mise en place d’espaces dédiés à cette protection.
Présente l’évolution de la protection
Depuis la création de la première aire marine protégée en 1965, les réserves sous-marines et aires marines protégées ont été établies progressivement. Depuis, certaines ont été abrogées, d’autres ont été modifiées (changement d’aire ou changement de niveau de protection dans des sous zones). Dans la base de données MEDAMP toutes les données historiques de la protection ont été intégrées (inventaire dans le temps des zones abrogées ou étendues, ou des sous-zones ayant changé de niveau de protection).
Dans le cadre d’un challenge auquel la France a souscrit au niveau international (la convention dite d’« Aîchi » qui impose une protection de 20 % des espaces sous-marins littoraux à tous les pays signataires d’ici 2020), le site MEDAMP présente l’évolution des surfaces des aires protégées ou des taux de protection par zone géographique ou bathymétrique avec les niveaux de protection.
Rapport MEDAMP
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Rapport MEDAMP complet
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Partie 1 :
Partie 2 :
Inventaire des zones protégées à l'exception des sites Natura 2000
Inventaire des sites Natura 2000
Partie 3 :
Données par découpages administratifs
Evolution du cumul et du taux des surfaces protégées
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- L’aire marine protégée
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- VI - Des zones encore plus étendues sans aucune réglementation spécifique restreignant la prédation. Ce sont ainsi des zones plus « co-gérées » que protégées. Il s’agit des 42 zones Natura 2000 et des deux parcs naturels marins (Niveau IX)